Cloués au sol

Stupéfaite, Elize fixa l'officier, tentant de ne pas laisser transparaître une certaine angoisse dans cette situation pour le moins... Inattendue. D'un signe de la main, elle l'invita à le suivre dans la coursive. Une fois elle et Wang hors de la salle de réunion, la porte solidement verrouillée, l'ingénieure demanda d'un ton corrosif:

'Tain Wang, qu'est-ce que tu nous fous?!

Elize... Faut que tu comprennes. Tenta-t-il, d'un ton maladroit. Il fallait que...

Il fallait quoi Wang? Il fallait quoi!? Fulmina-elle, son visage tirant de plus en plus vers le rouge sang. Il fallait que tu renfloue ton compte en banque? Que tu foute en l'air ce qu'il te reste d'honnêteté au profit des Corpo'?

Tu dois me comprendre! Ces enfoirés me tiennent, nous tiennent nous tous à bord par les couilles! Je dois maintenir Drakov en liberté. Et avec ces foutus documents! Répondit-il, en haussant à son tour le ton.

Pourquoi?! Dit moi pourquoi?! On arrive dans moins d'une heure! Dans une heure, Wang, tu aurais livré cette enflure aux Fédéraux!

Tu ne sais rien! Tu n'as aucune idée de ce que les Corporations peuvent nous faire!

Je le sais certainement mieux que toi Wang. Coupa t'elle d'un ton sec, avant de s'en aller dans la coursive.

Elize, faut que tu m'comprennes...

Tu me dégoûte. Fit-elle, avant de disparaître.

L'air passablement déçu, Wang resta un court instant devant la porte, seul, le dossier siglé Brightmann dans les mains. Il souffla, le temps de se reprendre, et ouvrit la porte de la salle de réunion. Drakov et sa mégère le regardait, un rictus aux lèvres. Ils mirent leurs mains menottées parfaitement en évidence, et Martha harangua le capitaine, d'un ton sensuel:

Il me semble que nous sommes parvenus, indirectement, à nous mettre d'accord, je me trompe?

En effet. Votre employeur possède des arguments des plus... Pertinant. Grommela Wang, en déverrouillant les menottes de Drakov. Veuillez considérer votre incarcération contre une impardonnable méprise de la part de mon équipage M. Drakov. Il me semble que ceci vous revient de droit.

Alors que le scientifique se frottait encore les poignets, Wang lui balança l'épais dossier, et lui intima de retourner à sa cabine.

Je vous remercie mais... Heu... Et ma compagne?

Les consignes de vos "amis" ne concernaient que vous, et vos foutus plans. Elle sera tenue pour unique responsable des incidents de ces dernières heures, et livré à la police fédérale dès notre arrivée sur Tarqes. Dégagez maintenant. Siffla le marin.

Hey! Ce n'est... Commença-il, avant de se retrouver contre le mur, un pistolet électrique braqué sur la mâchoire.

Permettez moi d'insister. Fit-il, en enfonçant un peu plus le canon sous la machoire du corporatiste.

Assis sur son lit, Drakov méditait.
Cela ne lui arrivait pas souvent, mais devant les plus gros problèmes techniques que lui posait son métier, la solution la plus réfléchie et sûre était la méditation.
Pas le genre de méditation prônant une absence totale de pensée, non. Une méditation détachée de soi-même, à l'écoute non pas des sons environnants du vaisseau, mais de tout les aspects positifs et négatifs de sa situation.

Si l'on écoutait l'aspect positif, Albert n'était pas si mal barré : une bonne situation financière et sociale, tant que Brightmann ne découvrait pas le pot aux roses, et qui pouvait encore s'améliorer justement avec cette affaire d'espionnage d'industriel, ou s'y rapprochant.
En prime, Tarqeq était tout simple Mneme avec moins de population, de verdure, de soleil, mais surtout les plus grandes usines et ressources de tout Thena, en tout cas pour sa branche.

Mais l'aspect négatif n'était guère enchanteur : pour obtenir tout ça, il serait obligé d'abandonner Martha. Et sans vouloir jouer dans le pathos, la blonde givrée lui plaisait, physiquement et intellectuellement. Et puis, lâchement se dit-il, qui serait là pour l'aider si les autres mafieux de Kari venaient lui demander des comptes ? Et qu'est ce qui empêchait Martha de le dénoncer pour alléger une éventuelle peine ?

Sa peine....une simple agression, un Délit de classe 4, c'était quelques semaines, avec de la chance, ou mois au trou. La belle devait en avoir vu d'autres.

-....Pas le genre à vivre une longue vie, ni une longue liaison non plus....

Il soupira. De toute façon dans vingt minutes, le Canton se poserait, les passagers débarquerait et moins d'une heure plus tard, la Police Fédérale se chargerait de la blonde.

Ne voyant aucune solution permettant à la fois de se sauver lui et Martha, à part un miraculeux coup du sort, Albert se résigna à rassembler ses affaires.

***

Posant le pied sur le tarmac de l'astroport de Paaliaq, Albert suivi la file de passagers du Canton, sentant sur lui le regard flamboyant de l'Ingénieure Avèdés.
Le temps que son vaisseau soit déchargé, se qui prendrait plusieurs heures, Albert se dirigea vers ce qu'il lui semblait être un guichet d'information. Il ne souhaitait pas rester à proximité quand Martha serait emmenée, la peur de croiser son regard.

Plutôt que faire la queue pour obtenir une information précise auprès des employés, Albert utilisa l'une des nombreuses bornes d'information, minimaliste mais disponible.

Il était en train de composer la demande sur l'adresse des locaux les plus proches de Brightmann, quand on l'interpella sur sa gauche.

-Mr Drakov ?

Relevant la tête il vit un homme moyen, habillé communément, de taille moyenne, sans aucun signe distinctif. Le genre a même de se fondre dans la foule.

-O-oui....Et vous êtes ?

L'homme se rapprocha de lui, avant de lever une main, le tout avec un franc sourire.

-Mr Gallini, je suis ici pour vous conduire à votre employeur.

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