Un assassin à Hohomia

Très vite, la grosse cylindrée s'engouffra sur les principaux axes d'Hohomia. Sous sa carrosserie rutilantes et ses vitres teintées, l'assassin passait inaperçu. L'homme s'assit en face de lui, et ouvrit un petit renfoncement de la portière. Il en sortit une bouteille élégante et deux verres. Alors qu'il leur servait un liquide ambré, il se présenta sommairement. Son nom n'avait pas d'importance, et il bossait pour son "employeur", lui même bossant pour une "organisation". Dans le milieu, moins il en connaitrait, et plus longtemps il vivrait lui expliqua l'autre.

C'était une conception de la vie que Billy comprenait bien.

Il était bourru, et avait les épaules larges. Sa gueule à moitié sclérosé qu'il frottait lentement le décalait complètement de son costume impeccablement tenu. Il parlait pourtant avec adresse, ses mots étant à la fois juste, clair et agréable à l'écoute. Après que Billy eût trempé ses lèvres dans la boisson légèrement sucré qu'il lui avait tendu, il sortit d'une poche de sa veste une grande enveloppe qu'il lui tendit rapidement. A l'intérieur, il y avait une grande photo représentant un homme.

- Cet homme s'appelle Samuel Torrens. C'est une photo assez récente de lui, prise sur Kari, un matin au milieu des mineurs. Cet homme est un ancien militaire, divorcé, aux alentours de 47 ans. On estime qu'il y a près de vingt bonnes années qu'il trempe dans des affaires louche... Et notamment de l'assassinat. Nous vous demanderons simplement de l'abattre, et suffisamment intelligemment pour que l'affaire passe pour un accident. Le tuer sans maquiller votre travail pourrait être clairement déclaré comme un acte.. d'agression.

Billy acquiesça doucement.

- Torrens a récemment été engagé et équipé par Brightmann pour défendre Inkermann. Il n'est que 15H passé, vous serez déposé d'ici cinq près du concert qui se tiendra ce soir. Vos entrerez facilement, grâce à cette carte, et en tant qu'ingénieur lumière auxiliaire, vous aurez l'après midi complet pour repérer les lieux. L'une de vos grandes difficulté sera de reconnaitre, sous le casque, votre homme, et de ne pas vous tromper dans la cible à abattre. Mais, désormais, nous ne doutons plus de vos compétences.

L'homme lui sourit, et cinq minutes à peine plus tard, en effet, la voiture le déposa sur les lieux. Déjà, à la lueur du jour, plusieurs centaines de personnes campaient devant les entrées de la faille.

Quoi ? D’abord on lui parlait de protéger un homme. Ensuite on lui demandait de tuer un homme. Il n’y comprenait plus rien. Ensuite il n’avait pas d’armes, seulement 1200£. Purée l’homme qui l’avait employé lui avait dit qu’il aurait une arme.
Il regarda autour de lui. Un poste de garde qui empêchait les gens de rentrer avant l’heure Et des groupies qui attendaient l’ouverture du concert. Il tâta sa poche, une photo et une carte. Il avança vers un garde et lui demanda, tout en lui montrant sa carte, où se trouvait l’entrée du staff. L’homme lui indiqua un bâtiment préfabriqué accolé au poste. Il s’approcha et montra sa carte au mercenaire de garde. Il lui dit qu’un camion allait récupérer les membres de l’équipe techniques, dans environs une demi heure.
Il rentra et vis un homme qui devait être le chef, vu qu’il braillait comme un vieux marin dans un bar et que les ordres qu’il donnait était suivi à la lettre. Il s’approcha de lui et lui demanda, tout en brandissant la photo qu’il possédait, s’il connaissait l’homme qui y apparaissait.

"Pourquoi s'êtes de la police ?
-Non. C'est juste que cet homme est un ami de ma femme. Elle va bientôt mourir, et elle m'a donné cette photo pour que je retrouve son ami d'enfance. J'ai appris qu'il travaillait ici et comme je suis un ingénieur lumière je me suis engagé pour enfin lui parler.
-Ok. Il est ici. Mais je veux pas que vous le déconcentriez ok ? Il va se trouvez sur les hauteurs là.Il désigna un point sur une carte à coté de lui Mais je pense que vous iriez pas, ok ?
-Ok"

Il ressortit, quelle idiot ce capitaine. Il rigola intérieurement. Bon il savait où la cible allait être. Mais seul problème l’arme. Où trouver une arme dans ce coin paumé ? C’est alors qu’un homme parla d’une petite armurerie qui se trouvait dans le coin. Il allait d’abord prendre une arme plus des lunettes à visions nocturne. Sa devait se trouver, fallait avoir les bons revendeurs.
Le voyage à pieds avait pris dix bonnes minutes. Le vendeur lui vendit un A226 Shooter avec 2 chargeurs, un silencieux et un pointeur laser. Il prit aussi des grenades lacrymogène et des grenades fumigènes ninja. On savait jamais. Le vendeur annonça le prix, 410£. Il paya en liquide.
Il rentra juste à temps. Le camion allait partir. Il grimpa dedans et se laissa conduire jusqu’à la scène.
Immense ! Voila ce qu’il pensait de cette scène. Il regarda la carte qu’on lui avait fourni, afin qu’il ne se perde pas dans cette immense faille. Il vit l’endroit où devait se trouver la cible. Purée c’était haut. Mais il avait fait pire. Il avait tout soigneusement préparé. Il avait calculé le temps que prenaient chaque appareilles de surveillance. Il y avait une faille dans leur sécurité. Un endroit qui n’était pas surveillée. Il allait profiter de cette faille. Il grimpa. Et se cacha dans la faille qu’il avait repéré dans la paroi. Un appareil apparut. Il attendit personne ne lui avait tiré dessus ou dit de descendre. Il était à 5 mètre de l’endroit où devait se trouver la cible. Il était confortablement installé. Tous étaient prêts, il lui suffisait d’attendre. La nuit tomba

Ridley regarda partir tranquillement le jeune homme, en pensant que ce crétin devait être aussi calé en ingénierie que lui même en danse sur glace. L'un des axiomes du service de sécurité Brightmanns relevait de l'anonymat de ses hommes...

Il saisissa son oreillette, et contacta la patrouille de la falaise ouest:

Auxiliaire Riekann, au rapport! Répondit la voix faussement enjoué d'un jeune pilote.

Bon, écoute petiot... J'ai un mec louche qui m'a accosté pas plus tard que maintenant. Plus l'air du desperado paumé que d'un fana du mariole.... Il cherchait Torrens, sous une pseudo-excuse. Il doit traîner près de votre coin. J'envoie Max et Mendoza vous relevez pour la patrouille, trouvez moi ce rigolo. Un blanc, chauve, grande taille, cicatrice à la joue droite et déguisé en ingénieur lumière. Interceptez le, et ram'nez le moi. Vivant si possible.

Riekann accusa réception. Il interpella Torrens, et le mit au courant de la situation.

J'vois ça. Un p'tit comique. Prépare ton paquetage bleu-bite, et me lâche pas d'un fil, on part à la chasse. Répondit-il en désactivant le cran de sûreté de sa mitraillette, un sourire cruel aux lèvres.

Bien qu'un peu étonné, le timonier ne trouva rien à dire, et abaissa à son tour ses lunettes à vision nocturne sur ses yeux après avoir dégainé son arme. Devant lui, Torrens s'avançait dans l'obscurité. Il était lui même un peu paumé, mais Torrens semblait savoir quoi faire.

Billy mit ses lunettes à visions nocturnes. Un vert pâle apparut devant ses yeux. Punaise, encore un vieux modèle. Il y voyait pas grand-chose. Il ajusta son arme, vissa le silencieux , et activa son pointeur laser . Il était caché derrière une pierre, la cible était à une vingtaine de mètres de lui. Il visa la cible. Et tira.
Quoi ? L’homme n’avait pas bougé. Saleté de lunettes. Il l’avait loupé, merde ! Il se baissa, les jeta vers le gouffre qui se situait à 5 mètres de lui et désactiva son pointeur. L’homme l’avait surement repéré. Ça devait être un pro. Il courut tête baissé vers une autre pierre, situé à sa gauche. Et se prépara à combattre.
Le concert commença et le crie du public s’éleva avec la musique métal

En réalité, le jeune Billy n’avait pas raté la cible. Son ArmsA226 Shooter avait rapidement vidé deux cartouches de 9mm. Si, en effet, la première balle s’était perdue dans le crépuscule, la seconde s’était bel et bien logée sous l’épaule gauche, au dos de l’homme. Seulement, et ce malgré l’excellence réputée de Malorian – pièce certifiée grâce au sigle frappé sur le côté – le calibre largement insuffisant, et la puissance de feu correcte, mais sans plus, n'étaient pas parvenu à perforer la lourde armure anti-émeute qu’il portait : le projectile s’était encastré dans la cuirasse avec une violence toute relative, mais suffisante pour déstabiliser le porteur qui fit un pas involontaire en avant. Surpris, le pilote se retourna.

Riekann ?

Bon sang, Torrens n’était pas seul ! Le vieux mercenaire travaillait en binôme !

*****

Plusieurs heures étaient passées depuis que le mercenaire avait averti le timonier du danger – celui-ci se maudissant de courir encore à la mort – mais Torrens n’en était pas plus rassuré. Les deux s’étaient assis près d’une des grosses pierres qui jonchaient les bords de la falaise, et vérifiaient leur équipement. Suant, il enleva sa visière : il n’y voyait pas à plus de cinq mètres, et seule la faille baignait de lumière. Le soir était doux, et le vent léger. Dans un tout autre contexte, il aurait trouvé la nuit agréable. Mais là, un type le traquait. Bordel, en trois semaines, il avait plus risqué sa tête qu’en cinq ans ; sa carcasse suivait difficilement ce nouveau rythme. D’ailleurs, ses mains tremblaient alors qu’il vérifiait pour la énième fois la chambre de son pistolet mitrailleur. Peut-être qu’il était simplement devenu trop vieux ? On le lui avait déjà dit, le mercenariat n’était pas synonyme de retraites à soixante ans, et l’espérance de vie de cette "catégorie professionnelle" ne dépassait guère les quarante-cinq ans. En soit, il était déjà chanceux..
Mais s’il arrêtait ? Que ferait-il ? Ce n’était même pas financier : c’était le sens qu’il donnait à sa vie. Il n’avait rien. Il n’était qu’un ouvrier – particulier, il se l’accordait – mais un ouvrier avant tout. Le jeune Riekann, par exemple, il avait la vie devant soit : une femme, une gosse, une carrière, des projets, de la réussite. Pas lui. Et n’étant pas stimulé par ces banalités, qu’elles soient de l’ordre du vivant ou du mourant, il était simplement parfait.
Sa main tremblait toujours, mais en la broyant sur le métal de son arme, elle redevenait fiable. Simplement parfait.
Il tendit l’une de ses quatre grenades lacrymogène au pilote, qu’il valida d’un hochement rapide de son casque avant de l’accrocher à sa sangle. Sur la fréquence, l’officier gueulait de ne surtout pas interrompre le concert, et qu’il valait mieux privilégier des pertes humaines : saboter un tel évènement médiatique aurait un impact particulièrement violent sur la cote de Brightmann. Il fit également rapidement le tour des binômes qu’il avait à sa charge, et "l’auxiliaire Riekann" l’assura du calme complet de la zone.

Torrens enleva son casque, défiant ainsi toutes les règles de sécurités, pour le poser au sol. Posant également son arme, il commença à se rouler une cigarette. Le pilote, indécis, le regarda en biais, et Samuel devinait plus qu’il ne voyait sans son amplificateur de lumière son air désapprobateur. Peu rassuré, il s’éloigna de cinq pas dans la nuit, inspectant les alentours. En vérité, Torrens n’en menait pas plus large, et l’adrénaline des premières minutes était vite retombée. Cet.. Assassin s’il en était un aurait l’avantage du moment, et du lieu. Torrens n’avait pas d’armes fiables. Et cette armure qui l’encombrait... Dans les ténèbres, le bout grésillant de sa cigarette créait un point luminescent et rougeâtre. En réalité, du même rouge que le petit point tremblotant qui venait d’apparaitre sur l’arrière du casque du pilote. Le sang de Torrens se figea, et ses palpitations lui reprirent : sa bouche s’ouvrit sur un cri silencieux. Il y eût deux petites décharges, et l’une frappa le pilote de dos. Celui-ci se retourna rapidement, et son regard croisa Torrens.

- Riekann, à terre ! Beugla-t-il.

Il cracha son mégot, se jeta sur son casque. On y voyait rien dans la nuit, et la proximité des énormes projecteurs restreignait le champ de vision : en effet, avec une telle photosensibilité, un de ces flash de lumière aurait endommagé irrévocablement si ce n’est aveuglé la vision des deux hommes sous leurs casque. Torrens activa l’amplificateur de lumière : le pointeur laser avait disparu. Au vu de la position de Riekann, il avait déduit la direction du tir, mais sans ce fameux pointeur laser dans la nuit, impossible de remonter à l’origine du tireur. La zone probable était jonchée de pierres aussi hautes qu’un homme. Si seulement, si seulement il avait gardé cette saleté de casque !
Le pilote, étendu dans la poussière, criait dans sa liaison radio.

Billy était essoufflé. La course qu’il avait faite pour changer de cachette l’avait fatigué. En même temps sa faisait trois semaines qu’il était couché sur son canapé à lire des livres. Il ne sortait que pour manger et acheter des livres. Il aurait dû faire plus d’exercice. Dommage.

Il entendit hurler un homme. Il parlait d’un certain Riekman. Ouf il avait touché la cible. Mais il ne connaissait pas le nom de la cible. En plus l’homme qu’il avait touché n’était ne semblait pas mort. Merde ! Il avait tous foiré.

Il leva la tête, au risque de se faire repérer. Nuit noire. En plus les projecteurs faisaient contre jours. Il y voyait encore moins. Dommage !

Il avança lentement vers un rocher plus proche de la cible. Il entendait plus ce que se disaient les deux hommes. Cette soupe empêchait d’entendre et de se faire entendre. Cool !

Il se cacha derrière le rocher. 10 mètres de la cible. Les deux hommes étaient trop occupés pour le voir. L’un deux était à terre et l’autre semblait nerveux. Mais il ne voyait que leur silhouette.

Il leva juste son arme, il ne visait pas. A cette distance quand on vidait un chargeur il ne restait plus personne de vivant. Il tira. 11 balles volèrent. Il n’entendit aucun cri. Merde ! Il les avait loupés.Encore pas de chance. Il avait perdu ses réflexes.

Il courut tout droit au risque de se faire repérer. Il se jeta au sol et glissa vers un autre rocher. Il jeta son chargeur et en remit un autre. Il garda le vide, afin de ne laisser aucune trace.

Il était prêt. Il entendit les renforts arriver. Rien pour fuir. Avec leur appareils, ils allaient le rattraper facilement s’il courait vers le coté opposé au concert. Voilà le concert, il allait se mêler à la foule pour fuir. Mais d’abord tuer la cible.

Ne pas s'agiter, pas de mouvement brusque ou superflu. Laisser le tireur isolé perdre patience. Riekann finissait de beugler dans sa radio, alertant le Sergent de l'attaque, espérant un coup de main de la Milice. Torrens semblait un peu nerveux. Le vieux avait apparramment perdu l'habitude de ce genre de situation, mais retrouvait peu à peu son calme.

Merde! T'a vu d'où ça venait? Fit-il, en s'accroupissant aux côtés du pilote.

Merci, j'vais bien... Non, aucune idée. Répondit Riekann, en rendant au veux briscard son casque.

Riekann tenta de rallumer ses jumelles, sans réussite. L'amplificateur de lumière n'avait pas dû apprécier la chute, et était complètement déréglé. A peine relevait-il les JVN que les balles se remirent à siffler. Il n'eut que le temps de voir le corps de Torrens s'effondrer lourdement au sol, mais la série de jurons qui suivirent, suivi de courtes rafales de mitraillette ne laissèrent aucun doute sur l'état du vieux mercenaire.

Droit devant Riekann! Son chargeur est vide! Hurlait Torrens.

Riekann relevait la tête. Une silhouette courait. Il leva son arme, la tenant fermement, et appuya sur la gâchette. Une détonation. Deux. Trois. La silhouette s'était jeté au sol, et avait disparu dans un chaos rocheux. Saleté de paysage. Saleté de musique. Il rabaissa ses JVN. Le logiciel d'autodiagnostic avait fini de reprogrammer l'amplificateur, un peu tard, mais sa vision était à nouveau claire.

Torrens, couché dans un petit renfoncement, l'arme épaulé, l'oeil face à la lunette de tir, désigna du doigt l'un des rochers du chaos. Riekann n'avait pas de scope, mais parvenait effectivement à distinguer un mince faisceau pointant l'une des arêtes. Le tireur embusqué s'en était tiré, mais présentait des signes de panique, source d'erreur pouvant se révéler fatale. Comme conserver allumé un pointeur laser quand l'ennemi dispose de vision nocturne, où le trait apparaissait parfaitement visible. Erreur que n'avait pas commis Torrens.

Riekann attrapa le masque à gaz, qui pendait à sa ceinture, et le mit. Torrens l'imita sans discuter, il avait compris. Il vida son chargeur dans un tir de barrage, permettant à Riekann d'avancer à couvert pendant que le sniper se terrait. L'arrêt du sifflement des balles indiqua que Torrens rechargeait: le tireur n'allait pas tarder à riposter, ou à fuir à nouveau... Riekann dégoupilla la grenade lacrymogène, attendit que la fumée commence à s'échapper et la jeta dans l'éboulis. Le gaz fumait, et se propageait dans d'épaisses volutes clairs le long du chaos rocheux. Riekann pointa son arme, prêt à tirer, hurlant une sommation de reddition au tireur, en tentant de se faire entendre malgré la musique assourdissante.

Vite ! Fermer les yeux. Une grenade lacrymo et des sommations. On aura tout vu, bande de bâtars. Réfléchir et vite. 2 hommes seulement plus des renforts qui arriveraient bientôt. Pas cool.

Il prit une grenade ninja qu’il portait à la ceinture et 1grenade lacrymogène. Il lança la grenade lacrymo, vers l’ennemie. Sa lui permettrait d’avancer grâce au couvert de la fumée.

Il sortit de sa cachette.les yeux fermés. Se guider aux bruits. Voilà. Il se dirigea vers les deux hommes qui ne voyaient pas grand choses devant eux. Dès qu’il fut légèrement en vu, il se baissa afin d’éviter une rafale et lança la grenade ninja droit devant lui. Elle explosa à 5 mètre environs en face de lui. Cette explosion eu pour conséquence de détourner pendant quelques secondes ses adversaires.

Il roula au sol et se tourna vers Torrens et lui tira deux balles dans le buffet. Il n’avait pas visé et ne doutait pas qu’il l’avait loupé. Il couru droit devant lui. Il lâcha une grenade lacrymo afin de couvrir sa fuite.

Il vit la corde. Il en avait emporté une pour pouvoir descendre en rappel après la mission. Il vit le rocher ou il avait accroché la corde. Il se cacha derrière et compta le nombre de balles qui lui restait. 24 balles. Pas cool. Il lui restait une chose à faire avant de descendre. Éliminer les deux zigotos qui lui tirait dessus.

Les chargeurs de Torrens se vidaient si rapidement ! L'arme chauffait entre ses mains calleuses - mais fermes - et le lacrymogènes mêlés aux autres gaz rendaient difficile la visée. Le masque restreignait sa vision et sa perception du monde se résumait désormais à ses grands halètements d'outre-tombe. La résonance était terrible, et la transpiration de la chair soudée au plastique souple rendait désagréable le port.

Le type avait disparu sous les épaisseurs du gaz, Riekann aussi. Torrens l'entendait dans son transmetteur, mais ne le voyais plus. Il gueula de ne plus tirer, lui même se collant plus encore contre son rocher. Le lacrymogène baignait l'endroit d'une nacre opaque et impénétrable sans ce masque. Le gaz atteindrait les yeux et la gorge, brûlant avec une efficacité toute démontrée les bronche du malheureux. Il fit sauter son chargeur, et en plaça un autre dans le même mouvement : il ne lui en restait que deux. Saloperie de machinerie.
Brusquement, un éclat de roche éclata à quarante centimètres de son casque, et une douleur aiguë déchira son mollet. En s'écroulant lourdement au sol, il vit un type détaller, les yeux bouffis de larmes et crachant péniblement, son arme en main. Un simple flingue. Son Minami à peine relevé, les vapeurs avaient déjà avalées le tireur.
Il s'appuya sur la paroi, se releva péniblement, et tituba sur quinze mètres. Sous ce casque, la sensation d'asphyxie était de plus en plus contraignante. Peut-être le masque était-il défectueux ? Il passa rapidement ses mains à sa surface : pas d'impacts. Peut-être simplement la panique.

Panique. Non, c'est impossible.

Panique. Et cette jambe qui le tire, et qu'il doit trainer. Et ces plaques de métal qui le gênent et le bloquent.

Panique. Non, c'est impossible. Pas maintenant, pas comme ça.

En fait, il ne sait même pas s'il se traine vers la falaise, où s'il s'en éloigne. La radio sature : il y a sûrement des ordres qu'il devrait appliquer. C'est dans sa capacité, alors il essaye d'isoler une voix :

- Ici le Sergent Ridley. Putain, mais qu'est-ce que vous foutez ? Vous êtes repérés d'en bas ! Avec vos conneries, vous mettez le concert en péril, et vous faites trembler le gratin d'Himalia ! Rapport, Torrens !
- Visibilité quasi-nulle ici, j'ai... j'ai perdu le contact visuel avec l'auxiliaire Riekann et le tireur. Assez grand, armé d'une arme de poing. Je crois qu'il m'a touché, j'ai la jambe droite qui me lance..
- Bordel de merde, vous êtes un agent de Brightmann ! Ce fumier devrait déjà être descendu ! Je...

On aurait dit que le sergent venait d'être coupé. il y eut quelques bruits d'arrières fond, puis il reprit, apparemment fatigué :

- Le public est focalisé sur ce qu'il se passe, ils vont vous rediriger un projecteur en plein sur votre joli p'tite gueule de déglingué. Ils sont persuadés que ça fait parti de l'intervention, et ça le restera ! Je vous ai déjà envoyé un engin, alors trouvez moi Riekann, sortez de ce joli nuage et signalez votre foutue position au pilote !

En fin de compte, la fumée le désavantageait. Elle lui cachait tout. Le concert lui battait son plein. Il devait surement attirer l’attention avec tout ce bruit. Tant mieux ça ne ferait que rendre l’assassinat plus fun. Mais il pensait qu’il allait surement l’échouer.
Il devait sortir de ce canyon vivant. Ou irait-il ? Il irait d’abord ce cacher. Puis il partirait vers Hilia et là il re-tuerait pour lui. Mais d’abord descendre.

Il entendait les rafales des armes ennemies. Il les avait oublié ces deux là. Il se souvint qu’il devait d’abord les tuer, puis il s’enfuirait.

Il avait mieux, les blesser puis courir. On ne devait surement pas abandonner des hommes, c’était rare. Enfin il le pensait car il n’avait vraiment jamais bien connus les corpos. Il se doutait qu’on l’abandonne lui. Qu’on allait le laisser s’échapper. Mais bon c’était sa dernière chance.

Il serra son arme et se prépara à tirer. Il ferma les yeux, il ne lui servait à rien. Voila ! Réfléchir. C’était trop dur de les tuer, il allait faire ce qu’il fallait.

Il rouvrit les yeux. Prit la corde qui trainait à ses pieds et fit l’enroula autour du rocher. Il la mit autour de la taille et se mit en position. Il sauta doucement et mit les deux pieds face à la paroi. Il descendait en rappel, il allait vite. Il s’en foutait de se casser le cou.

Il mit pied à terre. Il entendit les gardes s’approcher de lui. Il tira en l’air et vit une partie du public paniquer. Il courut dans leur direction. Il se cacha parmi la foule. Il vit les gardes le chercher, mais eux ne le virent pas. C’est bien la foule, on voit tous mais personne ne nous voit. La foule paniquait légèrement. Mais tout le monde croyait que cela faisait parti du spectacle.

Il alla vers le fond du canyon. , près du poste de garde. Il savait bien que plus on était près du danger, moins on risquait de se faire prendre. Car jamais on ne penserait qu’un homme recherché soit près de ceux qui le cherchent.
Il attendait la fin du concert. Ensuite il prendrait un vaisseau et repartirait chez lui.

Son champs de vision réduit par la visière du masque et le lacrymo', désorienté par les différences de teintes non-naturelles de la vision nocturne, Torrens, la mitraillette dans la main, tentait d'avancer, trébuchant, tombant. Il entendit encore quelques coups de feu, quelque part: les haut-parleurs intégrés du casque l'empêchant de savoir réellement par où. Il entendit le bruit d'un chargeur qui tombe, une voix familière qui jurait. Le bleu était encore en vie.

Il regarda sa jambe. Les plaques semblaient intacte, malgré le filet de sang coulant sur le couvre-cheville. L'assaillant avait réussi à coller une balle entre le blindage du mollet, et la cheville. Sacré tireur, ou sacré chançard. Il attrapa une ampoule de rémifentanil inclue dans le pack de ceinture. Il arracha le capuchon, et planta la seringue hypodermique prêt de la plaie. Il se détendit tandis que l'analgésique estompait la douleur naissante. Une main l'attrapa fermement par le col, et commença à le tirer. Une source de lumière violente satura les récepteurs de ses JVN, et l'aveuglait. Un bruit de réacteur, un flux d'air chaud, l'odeur du kérosène, le bruit sourd des patins touchant le sol. C'était fini.

***

Il courut jusqu'à la falaise. Le type venait de se larguer dans le vide, une corde solidement attaché à un mousqueton, et descendait par bonds. Riekann épaula son pistolet. Deux balles partirent, avant que le chargeur, vide, ne saute.

Merde! Merde!

Riekann regarda la silhouette de l'homme descendre en rappel à toute berzingue la falaise, certainement pour aller se mêler à la foule. Les autres gars de Ridley étaient en bas, sûrement allaient-ils attraper cet enfoiré. Maintenant, fallait retrouver le vieux, et se préparer à évacuer les lieux, et vite.

Il s'est barré Torrens. On s'arrache! ... Torrens!?

Le vieux ne répondait pas. Mauvais signe, très mauvais signe. Riekann rengaina son arme, et retourna au coeur du nuage de fumigène. Après quelques secondes, il le trouva, plus ou moins affalé, complètement tremblant, à se planter une seringue d'anti-douleur dans la jambe droite. La radio du timonier grésilla:

Auxiliaire Riekann?

Putain, il fait quoi votre chef de groupe? Deux minutes que j'essaye de le joindre! Beugla un type qu'il sembla reconnaître comme étant le pilote de la Milice qu'on leur avait présenté au briefing.

A terre, avec une joli fuite au mollet. Pouvez nous ramasser? Falaise ouest, au dessus de la scène.

J'vais faire ce que je peux, mais avec ces saloperies de projos, j'ai un sacré contre-jour... Comptez pas sur les nocturnes, essayez de m'indiquer au mieux votre position.

Première chose, s'éloigner des gaz. Il jeta un oeil à la seringue vide: rémifentanil, entièrement sifflé. Efficace, action rapide, mais effet limité à une paire de minute. Riekann attrapa fermement le col de la cuirasse du vieux mercenaire, et le tira. Complètement amorphe, complètement shooté. Torrens avait paniqué, et vidé d'un coup la seringue, destiné habituellement à reservir 2 ou 3 fois. Il pesait lourd, l'ancêtre.

A peine sorti du nuage, Riekann attrapa d'une main l'objet qu'il cherchait à sa ceinture. Il releva ses jumelles, et cassa la sécurité du tube radioluminescent. Torrens grogna. Tant pis.

Guidé par la lumière verdâtre, le pilote parvint à repérer sans difficulté les deux hommes. Le petit convertible aux couleur de la milice se posa sans mal à quelque mètres, sur une portion plate de terrain. Le co-pilote aida Riekann à hisser Torrens à bord, puis l'appareil s'éleva dans les air.

Vot' sergent veux vous voir immédiatement, j'vous dépose au poste de garde!

Et Torrens? Il a pas été raté!

Un pansement, et ça ira! Doit y avoir des anti-douleurs dans la trousse, derrière vous!

L'appareil atterrit dans un chuintement prolongé. Torrens, réveillé par les stimulants et gavé d'anti-douleur, s'appuyait sur Riekann. Un troisième homme, le jeune soldat Gibbs, ouvrait la voie, guidant les deux blessés en direction du centre de commandement où se trouvait le sergent Ridley. Le jeune homme plaignait secrètement les deux hommes, qui allaient sans aucun doute passer un sale quart d'heure.

Dès leur entrée dans le QG, Riekann et Torrens durent faire face au flot continu des insultes et autres reproches dû à la désastreuse tentative d'assassinat.

"Mais qu'est-ce que vous foutiez là-haut bon sang ?! C'est pas si dur à abattre, un seul homme ! Non mais regardez moi ça ! Deux blessés, dont un garde de Brightman ! Contre un seul homme indemne, si j'en crois le pilote ! Et tout le public qui s'en est aperçu ! Comment est-ce que je peux faire pour assurer la sécurité de M. Inkermann avec des incapables comme vous ?! Répondez moi !"

Le sergent se calma un peu, tentant de reprendre son souffle.

"Bon... Soldat Gibbs, emmenez-moi Torrens à l'hosto. Dites leur de le remettre sur pieds le plus vite possible. J'ai besoin de tous les hommes disponibles ! Et vous, Riekann, faites un tour à l'infirmerie, puis rejoignez moi le plus vite possible pour me donner le signalement du fou qui voulait vous tuer. On va le coincer, celui-là !"

Pendant ce temps, dehors, le concert continuait...

Le concert battait son plein. Billy commençait à bien aimer. Le live lui plaisait, l’artiste avait un véritable pouvoir. Tous ses fans étaient en transe, même lui commençait a se déhancher. Il se reprit vite, il était au boulot. Rigueur et concentration, voila ! Il ferma les yeux et s’abandonna à ses penser

Tous c’était mal passé, il avait échoué, peut-être qu’on voulait l’éliminer mais il n’en savait rien. Il s’en était sortis de justesse, la panique et les erreurs commises des deux côtés les savait sauvés tous les 3. Les deux gardes, dont la cible ça il en était sur, et lui. Mais ses capacités seraient mises en doutes. En mêmes temps il, ne pouvait pas savoir que la cible était accompagnée. Mais comme d’hab’ il s‘en sortait toujours. En même temps c’était son métier.

Il rigola intérieurement, il avait faillit crever, mais il s’en était sortis. Il pensa qu’il commençait à radoter. Il allait faire encore 2-3 assassinats puis il arrêterait.
Mais qu’est ce qu’il pensait ? Tuer c’était son métier. Encore des idées de vieux tueur, il avait 23 ans tous de même. Il avait vécu trop de choses horribles, il avait commencé à tuer à ans c’était jeunes, très jeunes, trop jeunes.

Il pouvait bien le chercher. Il ne le trouverait jamais, il y avait trop de gens. Il ne s’inquiéta pas et se laissa emporter par la musique.

Quelque part, parmi la foule qui quitte lentement la faille du concert...

"Alors, t'en as pensé quoi ?
- Juste énorme ! Une ambiance de fous, une musique géniale, et une animation de malade ! J'ai juste pas trop compris leur délire avec les gus en haut de la falaise... Mais faut dire que ça s'intégrait vachement bien !
- Ouais !!!!" hurle une troisième voix

Le flot continu d'êtres humains ne cesse pas. Encadré par plusieurs dizaines de miliciens, de véritables paquets de spectateurs s'engouffrent dans les aérobus qui les ramèneront vers Hohomia 09. Les hôtels sont saturés, la circulation complétement bouchée sur des dizaines de kilomètres, les aérotrains peinent à assurer un service de qualité pour tous.

Dans le bus immatriculé BX-0987-CCA, un petit groupe de fans commence à chanter "Night of Apocalypse", du chanteur Inkermann. Très vite, les autres personnes à bord reprennent le refrain en cœur. Billy Marks se joint à eux, évitant ainsi d'attirer l'attention. La chanson se termine. Tout le monde applaudit et crie. Ils en entament une seconde. Le chauffeur klaxonne en coeur. Lui aussi est un fan d'Inkermann, et il a pu assister à la fin du concert depuis son bus, en regardant sur les écrans géants qui parsemaient la faille.

Un homme aborde Billy Marks, une bouteille de bière himalienne à la main. Dès qu'il ouvre la bouche, le tueur à gage peut sentir les vapeurs d'alcool émaner de ce fêtard.

"Alors, mon pote ! Comment qu't'as aimé l'concert ? Qu'est-ce qui t'as l'plus plu ?"

le concert était terminé et Billy était monté dans un bus en délire. Il trouvait ça rigolo des gens qui chantaient dans un bus accompagné par les coups de klaxons des conducteurs.

Pitoyables ! De la beuverie, encore plus pitoyable. Cette chanson, la plus pitoyable. Ce chanteur le plus pitoyable. Mais après une dose d’adrénaline y’avait pas mieux. Mais là elle était tombée. Il était revenu dans son état normal.

Un homme, sentant l’alcool a 3 mètre l’aborda.

"Alors, mon pote ! Comment qu't'as aimé l'concert ? Qu'est-ce qui t'as l'plus plu ?"

Billy recula dégouté par cette vision d’horreur. Ce poivrot empestait l’alcool et la sueur.
Il répondit essayant de cacher son dégout

"Ouais, ouais j’ai bien aimé. Mais ce qui ma le plus plu c’est"

Il s’approcha de son oreille et lui dit

"Si tu continu, tu vas avoir une balle entre les deux yeux capich’ ?"

L’homme recula apeuré et partit rejoindre sa place. Il ne dirait rien, il était trop bourré. Il se rassit content. Il ferma les yeux mais ne pus pas s’endormir a cause du bruit que faisaient les autres occupants du bus. Il du donc les écouter jusqu’au bout.

Au bout d’une bonne heure il sentit le bus s’arrêter. Il regarda par la fenêtre et vit l’astroport. Il sortit du bus et rentra a l’intérieur du bâtiment.

Waw ! Le peuple. Il y avait du monde. Plein de monde. Les fans du chanteur étaient venus en masse.

Il se dirigea vers le panneau d’affichage des vols et regarda son billet. Vol n°1478 direction Hilia. Voila ! Il l’avait vu. Porte n° 3. Cool il était à coté.

Il s’approcha des portiques détecteurs de métaux. Ils étaient bondés et les gardes avaient fait d’autres entrés sans portique. Il décida de passer par là. Ils étaient bondés et ils ne virent pas le seul homme qui portait une arme dans la foule qui se pressait devant eux. Il réussi à passer son arme dans son sac.

Il monta a bord de l’appareil et réfléchi a ce qu’il allait faire en rentrant. Il allait demander à être payer pas beaucoup, moins de la moitié car il n’avait pas réussis son contrat. Mais tout travail mérite salaire.

Le vaisseau atterrit et Billy en sortit. Il était bien. Il était vivant. Il n’était pas blessé tous allés pour le mieux. Il prit un bus.

Il en sortit. Ah ! Qu’est ce que c’est bon de revenir chez soi. Il monta les escaliers et s’arrêta devant son appartement. Il l’ouvrit et fit une facture. Merde ! L’électricité et l’eau. Il les paya et descendit afin de poster les factures. Heureusement qu’il existait encore un système de poste.
Après les avoir payer il se rendit au resto et se commanda un cocktail.

Il y avait Riekann, il y avait le Sergent, et il y avait moi. Enfin, Torrens. Je ne dis pas que je ne suis pas Torrens, mais je le voyais. Et franchement, je n’aurais pu me voir si j'avais été lui. Ou alors, s'il était bel et bien moi, je me contemplais en dehors de lui-moi-même. C'est insensé, je n’aurais pu être lui, et pourtant je le vois blêmir. J’étais en dehors de toutes choses, vraiment… Plutôt, j’étais à l’intérieur de toutes choses, et en étant l’essence de tout, j’y étais paradoxalement extérieur ; je m’annulais dans l’infinité de moi-même.

Bordel, qu’est-ce que c’était bon !

Et en effet, c’était bon. Torrens avait été soumis en moins d’une heure à des doses excessivement sur-élevées de drogues militaires et de dérivés morphiniques, certaines pour contrer les effets des premières. Son système veineux saturait de fluides étrangers, ses coronaires draguaient un sang trouble irriguant un coeur affolé. Pour l’organisme de Torrens, c’était jour de fête ! Ici, une gerbe d’étincelles, ici une explosion d'hormones venaient illuminer de couleurs son visage déjà cramoisi. D’ici une poignée d’heure, ce serait le blackout par saturation. Son organisme, poussé à bout, lâcherait brutalement avec la beauté d’un piano à queue Hoffmann d’une demi-tonne larguée du trente-sixième étage d’un riche siège bancaire.

Mes sens sont confus, et je me sens palpiter. La lumière de l’infirmerie écrase violemment les orbites de Torrens : j’en vois du sang couler à grandes louchées. La pupille, obstinément dilatée, ne régule plus le flot de lumière éclatant que les néons immaculés de l’hôpital crachent. Pourtant, je ne me sens pas mal. Ce n’est pas mon cœur, tout saignant, qui explose à 188 pulsation minutes derrière mon sternum bondissant, ce n’est pas ma pression qui monte inlassablement, déjà à 157/98 mmHg, ce ne sont pas mes artères qui s’arque boutent dans un effort désespéré du système nerveux pour éviter la rupture d'anévrisme et l'hémorragie interne. Torrens, si tu continues, elles vont te lâcher, tes artères ! Non, il ne m’entend pas. Tout est si distant, je vois le sergent hurler (ses mâchoires broient des ordres explosifs que personne n’entend) lentement, et l’envie me prend d’y plonger tout entier : sa gueule m’attire, ses larges molaires qui mâchent l’air

- Torrens, lève-toi !

Et je retrouvais l’ouïe. Un ordre abyssal, soudain, qui déchira brutalement le silence : une injure blasphématrice. Et j’entendis, 400 Mégawatt directement implanté à la racine du nerf cochléaire, arrachant le tympan et me disloquant les trois osselets s’y abritant. Je me vis tomber à genou. Et je l’écoutais, ce cri terrifiant, l’écoutais à m’en briser l’échine. L’air tout entier vibra à dégueuler au rythmes des harmoniques chaudes de la voix. Les fréquences explosèrent dans ma tête, faisant gicler ma cervelle, ma chair, ma vie.

- Torrens, lève-toi !

Et je compris ! C'était lui et son chapelet, je le voyais maintenant, son corps à peine tiède, étendu sur son lit, aussi raide qu’à son habitude, les paupières closes. Ce chapelet, c’est tout ce que mon père m’avait légué. Dans le coin de la pièce, derrière moi, j’entends mes sœurs pleurer. Moi, je n’arrive pas à arracher des larmes de mes orbites sèches. Je ne suis que rancune contre lui, et je l’insulte intérieurement : le lâche ! M’abandonner, comme ça ? Traître !

- Torrens, lève-toi !

Je l’avais haï pour ce qu’il était. Il n’avait jamais eu la reconnaissance qu’un père aurait dû avoir pour son unique fils. Je pensais avoir été trop faible, ou indigne de son nom. J’avais essayé de fonder une famille, réaliser une vie, en vain. En réalité, je n’étais plus rien sans lui. Et elle était partie, avec mes deux enfants, Lucie et… Comment s’appelait-il déjà ?

- Torrens, lève-toi !
- Je ne peux pas !

Promis, ce n’était pas moi. Cette plainte était de lui,Torrens. Agrippant fiévreusement les barreaux de son lit, il croassait des mots inarticulés. Son pouls, irrégulier, faisait bondir son cœur derrière ses côtes.

Le médecin et l’infirmière du service regardaient avec peine leur patient se débattre. Baignant déjà son lit de sueur, des grosses goutent perlaient sur son front, roulaient jusqu’à ses joues où elles se mêlaient au sang bileux qui suintait de sa bouche bleuie. Pendant son transfert, au cœur du délire, il s’était mordu la langue jusqu’au sang. Le médecin était inquiet pour lui ; rien que pour enlever l’armure, ils avaient dû s’y prendre à plusieurs fois, et à l’aide de tenailles. Sa jambe boursouflée avait doublée de volume, gonflée d'un sang noir épais; son tibia n’était plus qu’une explosion d’échardes osseuses qui, aussi tranchante qu’un scalpel, avait lacérée et perforée la chair de l’intérieur. Le chef de service était actuellement en pleine discussion avec Brightmann, mais l’on supposait l’amputation.
Ce qui, au vu de son état, était le cadet de ses soucis. Son rythme cardiaque augmentait :

195

Je sais qu’il savait tout de mon avenir. Il savait que je deviendrais ce que Torrens est aujourd’hui. Je le sais. Et, en connaissance de cause, il m’avait donné ce chapelet.

213

Ma poitrine me fait mal, mais je sais que Torrens s’accroche. La lumière inonde tout, et il voit son père. Il se détache, immense, et sa voix est omniprésente. Il ne parle plus, mais je l’entends toujours : il est son et lumière pour moi.

237

Délice sublime, extase divine. Je le sais, Torrens vivra ! Mon père me l’a dit, il vivra. Et s’évanouissant dans un spasme violent, Torrens le regarda sans une parole.

Gibbs était reparti dans l'aéronef vers l'hôpital du coin, avec Torrens et le sergent. D'après l'infirmier qui l'avait ausculté dès l'arrivée du vaisseau, il était sérieusement touché. Les autres gars étaient pour la plupart en train d'assurer la sécurité du site: le concert touchait à sa fin, il allait falloir vider la foule.

Il ôta les derniers verrouillages de son masque à gaz. Il était en sueur, le plastique en était devenu moite. Une fois le masque raccroché à sa ceinture, il sortit prendre l'air, enlevant au passage ce foutu casque lourd. La musique, lointaine, restait assourdissante, mais au moins, l'air était frais, et dénué de toute trace de gaz. Le caporal Perez sorti à son tour du QG, une vingtaine de minutes plus tard, et rejoignit Riekann. Il sortit de sa poche un paquet de cigarette, et en mit une à la bouche, puis tendit le paquet au timonier, qui refusa.

Ca va, tu tiens le coup? Demanda-il, en allumant sa cigarette.

Je crois. Répondit Karl, après une courte hésitation. Mais j'ai passé des jours meilleurs.

Je compatis. Pour une première affectation ça a été rude... Première expérience du feu?

J'ai fait quelques... Echanges de tirs avec des contrebandiers quand je naviguais sur corvette, mais sur le terrain, comme ça, ouais. J'm'étais jamais fait tiré dessus.

Perez avait l'oeil rivé sur l'armure de Riekann. Pas sur la poussière, ou les rayures, mais sur l'épaulière gauche. Il s'avança, et voulu remettre en place l'épaulière, qui glissa à nouveau.

T'a été touché? S'inquiéta Perez.

Un coup, sous l'épaule gauche. Un petit calibre, ça ira je pense, rien de cassé en tout cas. Répondit-il tandis que Perez passa derrière le timonier constater les dégâts

Fait voir ça... L'armure semble avoir aborbé l'impact, elle tiendra le coup, on va juste ôter ça. Fit-il en retirant l'épaulière abimée.Putain, j'ai du mal à croire que votre assaillant ai pu foutre Torrens dans cet état là avec un 9mm. Z'êtes pas tombé sur un rigolo. Bon, ça va mieux, auxiliaire? Bouge un peu pour voir.

Karl fit bouger un peu son bras gauche. Une petite douleur à l'épaule, sûrement un joli hématome, mais ça semblait aller. En tout cas, Perez le jugea apte au service, et l'intégra dans sa section en remplacement de Gibbs, parti avec Ridley.

Une trentaine de minute plus tard, Riekann était toujours cuirassé, muni d'une simple matraque et d'une arme incapacitante à surveiller le bon déroulement du vidage de la faille numéro 9 en compagnie de quelques agents de Brightmann, et de membres locaux de la milice. Le signalement du tueur avait été rapidement transmit aux forces de sécurité, mais devant la masse de personne qui s'agglutinait aux grilles, c'était peine perdue. Perez l'avait fait prévenir quelques minutes auparavant que Torrens s'en sortirait, sans donner plus de détail sur la nature des "différentes séquelles". Ridley allait sûrement demander à l'interroger d'ici la fin de la soirée, dès son retour. Mais Riekann s'en foutait, sa seule envie était de retourner à Halia, faire son foutu rapport à Derrick, et se rapprocher ainsi un peu plus de sa fin de carrière en tant qu'indic'.

Suite de Billy Marks

Suite de Riekann et de Torrens

» Billy Marks, assassin